Élection présidentielle : le vélo est-il de gauche ?
Seuls les candidats de gauche évoquent spontanément le vélo dans leurs programmes présidentiels. Sollicités par le lobby du secteur, des candidats d’autres bords prennent finalement des engagements.

Pouvoir d’achat heurté par la flambée du prix des carburants, besoin de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, congestion des villes… Sur le papier, le vélo, c’est du pain béni pour un candidat à une élection : une réponse efficace, facile, peu onéreuse, aux grands défis du moment. Pourtant, à quelques jours de l’élection présidentielle, l’étude des programmes des candidats est sans appel : huit des douze prétendants à l’Elysée n’évoquent jamais le vélo dans les publications qui les engagent (professions de foi, livrets thématiques, billets sur leurs sites internet etc.). Et les nommés sont, par ordre alphabétique : Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Philippe Poutou, Valérie Pécresse et Eric Zemmour. A l’inverse, les mots “voiture” ou “automobile” se retrouvent dans le programme de certains d’entre eux comme Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean Lassalle ou Eric Zemmour.
Les candidats qui font spontanément référence au vélo dans leurs programmes sont - sauf erreur de relevé de notre part - tous classés à gauche. Ainsi, le mot “vélo” apparaît à 37 reprises sur le site internet d’Anne Hidalgo, 16 fois dans le programme de Jean-Luc Mélenchon et à 13 reprises dans celui de Yannick Jadot. Fabien Roussel l’évoque une fois. Le vélo, en parler, c’est bien. Être concret dans les propositions, c’est mieux. Et, à gauche, tout le monde n’est pas aussi précis qu’une Anne Hidalgo souhaitant un « doublement du réseau cyclable actuel, pour le porter à 100 000 km d’ici 2027 » . Si Yannick Jadot reste explicite avec son « rendre obligatoire le forfait mobilité durable » , l’engagement pris par Jean-Luc Mélenchon de « cofinancer des infrastructures cyclables et de stationnement vélo » est plus vague. Du côté de Fabien Roussel, la proposition est nébuleuse : « augmenter massivement le nombre de déplacements en modes peu ou pas polluants » .
Donc, le vélo, en 2022, serait-il exclusivement de gauche ? Picala n’y croit pas. Si historiquement le camp politique le plus “pro vélo” est sans nul doute celui des écolos, depuis quelques années, des collectivités dirigées par des dirigeants d’autres bords mettent en place des politiques cyclables audacieuses. Un exemple ? Le département des Hauts-de-Seine, bastion de la droite, vient d’annoncer un plan vélo ambitieux avec l’installation de pistes sécurisées sur 70 % de la voirie départementale. Et, aux dernières régionales, des candidats de toutes étiquettes ont fait la promo du vélo.
Alors, peut-on vraiment dire qu’au centre, à droite, à l’extrême droite, tout le monde s’en cogne la selle du vélo ? Même s’ils ne prennent pas d’engagements fermes dans leurs programmes, ces candidats à la présidentielle seront amenés à conduire, s’ils arrivent au pouvoir, une politique cyclable. Laquelle ? Pour en savoir un peu plus sur leurs réelles ambitions et intentions, l’Alliance pour le vélo - le lobby du secteur - , leur a demandé de se positionner sur une dizaine de propositions - telles que le doublement du réseau cyclable actuel, la généralisation du “savoir rouler à vélo à l’école” (en gros, des cours de vélo jusqu’au collège), le forfait mobilité durable obligatoire ou encore une prime nationale à l’achat de vélo qui ne soit pas conditionnée à l’existence d’une prime locale. Sept candidats sur douze ont répondu à cette sollicitation : Fabien Roussel, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse et Philippe Poutou.
La couleur politique des répondants à ce questionnaire est signifiante : l’intérêt pour le vélo n’est pas limité aux seuls candidats de gauche. D’ailleurs, ces sept candidats semblent avoir bossé leur sujet (voir le détail de leurs réponses sur le site de Parlons Vélo). « Ils ont pour la plupart pris des engagements financiers chiffrés, avec une volonté de passer la politique vélo au niveau auquel elle doit être » , analyse Thibault Quéré, responsable du plaidoyer à La Fédération des usagers de la bicyclette, (FUB), une des organisations membres de l’Alliance pour le vélo. Un point important. Car, comme nous l’expliquions récemment, sans investissement étatique conséquent dans les prochaines années, pas de constructions de pistes, ni de créations de parking. Et, sans cette remise à niveau des infrastructures, l’objectif que s’est fixé la France d’atteindre les 12 % des déplacements quotidiens à vélo à l’horizon 2030 ne sera pas atteint. Pour y arriver, le lobby du vélo soumettait aux candidats une mesure simple : « Doubler le réseau cyclable français sur le quinquennat, le rendre attractif, continu et maillé en augmentant le budget d’investissement de l’Etat d’au moins 2,5 milliards d’euros sur 5 ans. » Qu’ont-ils répondu ? « Une majorité des candidates et candidats soutiennent la mesure » , explique l’Alliance pour le vélo. Avant de préciser : « Emmanuel Macron n’apporte qu’un soutien partiel, sans préciser le montant de l’engagement financier prévu sur le quinquennat. Enfin, Valérie Pécresse est la seule à ne pas soutenir explicitement cette mesure» . Cette dernière préfère laisser les collectivités locales piloter la construction et le financement de pistes cyclables.
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