Livraison de courses à vélo : Getir et Gorillas en liquidation judiciaire

Getir et Gorillas sont placés en liquidation judiciaire. Leurs 1300 salariés, souvent livreurs à vélo, perdent leurs jobs et s'inquiètent pour le paiement des derniers salaires.

un dark store de gorillas à paris
Gorillas et Getir employaient 1300 personnes en France. - Photo prise en 2022 - (ARNAUD PAILLARD /Hans Lucas via AFP)

Fin de partie en France pour Getir et Gorillas, les deux géants de la livraison de courses à vélo. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé mercredi 19 juillet 2023 la liquidation judiciaire en France de ces sociétés de livraison express de courses, a annoncé une avocate représentant les salariés de Gorillas à un journaliste de l'AFP présent à la sortie de l'audience.

« La liquidation a été prononcée pour Gorillas et Getir », a déclaré Marie-Sophie Vincent, avocate du CSE de Gorillas. Gorillas appartient depuis 2022 au géant turc Getir, dont la filiale française était en redressement judiciaire depuis mars et avait décidé de quitter le marché français.

« Pas surpris » de la décision, les salariés « attendaient juste que l'affaire se termine après les montagnes russes des derniers mois », explique Rémy Frey, délégué à la CGT commerce de Paris. « On est tous très fatigués », ajoute Olivier Coulibaly, salarié et représentant du personnel de Gorillas.

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« Un plan, travaillé par la représentation du personnel, a été rendu caduque par la société, qui a refusé de le financer au dernier moment », a indiqué à l'AFP Me Vincent. « Aujourd'hui l'interrogation est au niveau du PSE et du versement des salaires », a-t-elle ajouté.

« Nazim Salur (le fondateur de Getir) ne respecte pas son engagement pris auprès du tribunal de commerce à payer les salaires de juillet 2023, (ce qui) plonge des salariés dans la précarité », dénonce de son côté Johann Tchissambou, délégué syndical CFDT de Getir France. Il ajoute : « Partout en France les salariés sont écoeurés par l'insensibilité de l'actionnaire qui les abandonne aussi cruellement ». Pourtant, selon lui, le fondateur de Getir a évoqué dans une communication interne « une prochaine levée de fonds (qui) devrait être validée ». La dernière collecte en 2022 avait valorisé le groupe turc plus de 10 milliards d'euros. Ce dernier assurait alors avoir récolté 2 milliards de dollars depuis sa création en 2015.

En France, le groupe générait en 2022 un chiffre d'affaires de 120,3 millions d'euros selon une note interne à l'entreprise consultée par l'AFP, dont moins de la moitié via ses marques Getir et Gorillas. Getir connaît également des difficultés dans d'autres pays comme en Espagne, où plus de 1.500 emplois sont menacés par le retrait du mastodonte turc. Getir France accuse « un environnement contextuel défavorable », avec l'inflation et le durcissement réglementaire, une raison également invoquée par la filiale française du groupe allemand Flink placée en redressement judiciaire en juin.

En mars, le secteur a en effet essuyé un revers important, le gouvernement décrétant que les "dark stores" - les locaux où sont stockés les produits à livrer - étaient des entrepôts, et non des commerces, ouvrant la voie à une régulation par les mairies de cette activité, et même la fermeture de certains locaux.

Getir France totalisait 200 millions d'euros de dettes à fin mars 2023, selon une note interne à l'entreprise que l'AFP a consultée. L'enseigne Getir possède 70 magasins et 2 entrepôts en France, et emploie 841 personnes (effectifs au 1er mai 2023), selon les chiffres diffusés par les administrateurs judiciaires dans l'offre de cession.

Pour sa part, Gorillas a 30 magasins en France pour 500 employés - et Frichti, autre entité de Getir, a de son côté 24 magasins, un entrepôt, une cuisine, et fait travailler 367 salariés. Au total, le groupe Getir emploie ainsi 1.708 personnes en France.

En 2022, l'enseigne Getir cumulait un chiffre d'affaires de 23,8 millions d'euros, Gorillas de 26,6 millions d'euros et Frichti de 69,9 millions d'euros, selon le même document, pour un total de 120,3 millions d'euros pour le groupe Getir en France.

Le secteur du quick commerce n'est pas à l'abri de nouvelles suppressions d'emplois, puisque le tribunal de commerce de Paris doit examiner à la fin de l'été les solutions de reprise de Flink France.

Une offre conjointe entre la maison mère allemande Flink SE et Guillaume Luscan, le directeur général de Flink France, a été déposée lundi. Elle prévoit la reprise de 238 salariés, soit une petite moitié seulement des effectifs actuels.

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photo de l'auteur de l'article Picala (avec AFP)

Picala (avec AFP)

La rédaction de Picala s'appuie, parfois, sur des dépêches de l'Agence France Presse (AFP). Les dépêches de l'AFP sont partiellement ou totalement réécrites par la rédaction avant publication.

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