Upway : la start-up casse les prix grâce aux vélos électriques reconditionnés
Acheter des vélos électriques d’occasion, les retaper et les revendre de 20 à 60 % moins chers que des biclous neufs. La recette d’Upway connaît des débuts prometteurs. Visite de son usine de reconditionnement de vélos électriques.

Pousser la porte d’entrée des locaux d’Upway, à Gennevilliers, c’est pénétrer dans la caverne d’Ali Baba du vélo électrique : les biclous s’y accumulent à perte de vue ! Vélo de ville, VTT, longs tails, cargos… Occupé il y a encore à peine deux ans par le constructeur automobile Tesla, cet entrepôt déborde littéralement de cycles. Même l’accueil administratif accolé à l’usine a été momentanément réquisitionné et reconverti en parking ! « L’entrepôt est plein. Nous sommes d’ailleurs en train de l’agrandir en y installant une mezzanine. Et dire qu’il y a trois mois, je me demandais s’il n’était pas trop grand… » , en rigole, Toussaint Wattinne, le cofondateur de la start-up Upway
Chez Upway, tout va vite, très vite. L’activité n’a débuté qu’à l'automne 2021. Si, depuis, cette start-up accumule les vélos - environ 900 étaient stockés lors de notre passage fin avril 2022 - , ce n’est pas pour les collectionner. Son (vélo) taf ? Acheter des vélos électriques d’occasion, les retaper, avant de les revendre « de 20 à 60 % en dessous du prix du neuf » . Bref, à l’instar de ce que de nombreuses sociétés font déjà avec nos smartphones et autres tablettes, Upway reconditionne des vélos à assistance électrique (VAE). Et pour attirer les futurs acheteurs sur son site internet - l’unique point de vente de la société -, il faut disposer de beaucoup, beaucoup, beaucoup de modèles. « 500 vélos électriques sont actuellement en attente d’être reconditionnés. Et 400 sont mis à la vente sur le site » , relève Toussaint Wattinne, le dirigeant (CEO) de la société.
Pour constituer ce stock, l'entreprise s’est appuyée sur une levée de fonds de 5 millions d’euros, effectuée en septembre 2021 auprès de deux gros investisseurs ( Sequoia et Global Founders Capital ). VanMoof, Kalhkoff, Moustache, Nakamura (Intersport), O2feel, Rad power Bikes…Upway rachète toutes les marques et tous les types de vélos électriques, en suivant, bien sûr, quelques critères : les biclous ont - généralement - entre trois et cinq ans d’âge, sont complets ( batterie et chargeurs inclus ) et ne présentent pas de soucis de structure (fissures du cadre etc.).

Mais qui leur fournit tous ces cycles ? Un tiers des vélos ont été achetés à des particuliers. Ces derniers se rendent directement sur le site internet d’Upway, présentent leur vélo (photo + descriptif) et obtiennent, selon Toussaint Wattinne, rapidement une proposition commerciale. Mais la plupart des vélos électriques sont achetés à des professionnels, notamment à des entreprises de location de vélos. « Les sociétés de leasing de vélos, par exemple, ont des contrats qui durent de 2 à 4 ans. A la fin de ces périodes, elles ont besoin de trouver de nouveaux débouchés pour leurs vélos. Elles apprécient de pouvoir les céder en une seule fois à un professionnel plutôt que de les revendre, au détail, à des particuliers » , souligne Toussaint Wattinne. Voilà la petite sauce secrète qui a permis à Upway de disposer d’une gamme extra large de vélos électriques d’occasion en si peu de temps (moins de six mois).
Une fois acquis, tous ces biclous passent entre les mains expertes de réparateurs . « Des magiciens ! » , comme les qualifie Toussaint Wattinne, « qui vérifient si le vélo électrique est fidèle à la description qui nous en avait été faite. Si ce n’est pas le cas, nous revoyons notre proposition financière ou, - mais c’est très rare - , nous le renvoyons » . Et si tout est ok ? Le biclou poursuit sa route vers le pied d’atelier pour la revue technique complète. « Pneux, patins … Dès qu’une pièce est usée à plus de 20 à 25 % environ, nous la remplaçons » , souligne-t-il. Purge des freins à disque, démontage des roues… Les vélos sont mis à nu. Ensuite, passage en revue de l’état de forme des parties électroniques (moteur, écran etc.). Quid de la batterie ? Sur son site internet la marque s’engage à la reconditionner ou remplacer « lorsque l’état de vie est trop faible pour un usage prolongé avec plus de 80% de l’autonomie initiale » . Un check-up complet qui permet à la société d’offrir une garantie d’un an sur certaines parties du vélo (cadre, batterie, moteur et électronique). Dernière étape avant la mise en vente, un petit shooting photo et la création d’une fiche technique sur le site.

En approchant de la zone où sont stockés les vélos vérifiés et réparés, nous vient une question bête mais essentielle : « vous en avez déjà vendu combien ? » Réponse, en creux de Toussaint Wattinne: « On ne communique pas le nombre de vélos vendus mais nous doublons de taille chaque mois depuis le début de l’année. Et notre objectif est de vendre plusieurs milliers de vélos de seconde main en 2022 » . Pour avoir des infos chiffrées sur le nombre de personnes ayant déjà acheté un vélo électrique sur Upway, allons faire un tour sur la plateforme “Trustpilot” qui centralise les appréciations des consommateurs : Upway y a récolté 263 avis (dont 86% “excellent”). Autrement dit, Upway a déjà vendu plusieurs centaines de vélos.
Des volumes impressionnants pour une activité lancée il y a un moins d’un semestre. Si la boîte croît aussi vite, c’est que les deux fondateurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Avant Upway, Stéphane Ficaja et Toussaint Wattinne ont travaillé pendant huit ans chez Uber. Ils y ont lancé, respectivement, Uber Eats en France et au Royaume-uni. Bref, Uber Eats - la plateforme de livreurs qui traversent la ville pour te déposer un burger à tout heure -, c’est, en grande partie, eux. En avril 2021, les deux cadres plaquent tout avec l’idée de monter un business « ayant un impact positif » grâce à un « produit concret » dans un secteur en forte croissance. S’ils ont « exploré beaucoup de choses » , le VAE s’est rapidement imposé. « On a réalisé que le marché de la seconde main y était extrêmement peu développé, faute, en grande partie, d’un manque de confiance dans la qualité des produits vendus » , souligne Toussaint Wattinne. La logique est simple. « Les gens sont prêts à acheter un vélo mécanique d’occasion à 100 euros. Car, en cas de problème avec le vélo, la perte ne sera pas très importante » , argumente-t-il. Avant de poursuivre : « Dans le cas d’un vélo électrique, le produit vaut beaucoup plus cher. Or, un amateur n’est, a priori, pas capable d’évaluer la qualité de la batterie et d’un moteur rapidement. Sans garantie, du coup, acheter un vélo électrique d’occasion est financièrement plus risqué. » Pour que le marché du vélo électrique d’occasion décolle, Upway a donc compris qu’il fallait un “tiers de confiance”, un acteur validant la qualité des biclous mis en vente. La recette semble fonctionner. Upway est en train de s’installer dans les autres pays européens. « Nous sommes déjà en Belgique » , assure le CEO. Et de préciser : « nous souhaitons lancer l’activité en Allemagne et aux Pays-bas d’ici à l’été » .
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