Vélos électriques : Harley-Davidson évite de peu la sortie de route

La marque de motos Harley-Davidson commercialise ses premiers vélos à assistance électrique en Europe sous la marque Serial 1 : élégants, certes, mais chers et à la conduite très, très, particulière.

Le logo d'Harley Davidson sur un cadre de vélo à assistance électrique.
Harley Davidson a lancée plusieurs vélos à assistance électrique en France fin 2021. (Boris Cassel)

Chromes rutilants, bruits d’échappement assourdissants et conduite semi-allongée… Difficile de penser à autre chose à l’évocation du nom “Harley Davidson”. Et pourtant, il va falloir s’y faire, la mythique marque de moto américaine lance sur le marché français ses premiers modèles de vélos à assistance électrique. Plus précisément, elle s’y essaye sous la marque “Serial 1 propulsé par Harley-Davidson”. Avec quel objectif en tête ? « Nous visons le marché premium », explique Aaron Frank, directeur mondial de Serial 1. A l’aide, selon le patron de la branche vélo d’Harley, de cycles “conçus pour être utilisés le plus simplement possible”.

Dénommés MOSH/CTY, RUSH/CTY et RUSH/CTY Step-Thru, ces vélos à assistance électriques (VAE) sont uniquement vendus dans le réseau de concessionnaire Harley Davidson. Nous avons pu tester deux d’entre eux au cours d’un trip parisien. Avec, à la clé, quelques surprises ! Récit.

Le vélo mosch d'harley davidson sur l'esplanade des invalides à Paris
Entrée de gamme de la série Serial 1, le mosch est beau mais pas très bon.(Boris Cassel)

“MOSH/CTY” : le mal nommé
Ecusson éclairé au démarrage de l’assistance, feux arrière au niveau du dérailleur…Le Mosh (prononcez “moche” -sic-) porte mal son nom : il a du caractère, un style, une tronche. A en croire la punchline de Serial 1, le Mosh est censé nous permettre de « redécouvrir le plaisir d’explorer la ville en deux roues ». L’entrée de gamme - si l’on ose dire pour un vélo facturé 3 550 euros (+ 150 euros de frais de montage) - de la Serial 1 dispose, sur le papier, de sérieux atouts pour y parvenir : un moteur de qualité (Brose S Mag) au couple puissant (90Nm), une batterie amovible de 529W offrant 168 km d’autonomie et une courroie en guise de transmission. Voilà qui envoie. Mais l’effet “waouh” se dissipe assez vite. A peine enfourché, le Mosh affiche ses limites, voire ses lacunes. Accrochez-vous, la liste est longue. Un guidon surdimensionné donnant plus l’impression de piloter un objet roulant non identifié et instable qu’un vélo électrique. Une absence de fourche télescopique qui transforme l’engin en un incroyable tape-cul. Notre dos s’en souvient encore. Sans parler du frein qui, dès la première pression, émet un bruit strident largement perceptible malgré l’ambiance sonore déjà bien encombrée par le brouhaha parisien. Cet inédit crissement du frein ne serait, nous assure Aaron Frank, pas dû à un problème de confection mais… à la météo. « Il a plu ce matin. Je vais nettoyer le système de freinage », nous signale Aaron Frank. Dont acte. Mais, au quotidien, les velotaffeurs choisissent rarement la météo avant d’enfourcher leur vélo !

Autre souci, ce vélo n’a pas de passage de vitesses manuel. Du coup, si l’assistance envoie du lourd au démarrage, une fois coupée, aucune possibilité de jouer sur le dérailleur pour poursuivre l’accélération. En clair, lorsque l’on franchit la barre des 25 km/h, seuil au-delà duquel l’assistance se met en pause - c’est une disposition légale -, vous avez brutalement l’impression de “pédaler dans le vide”. Et si l’envie vous prend d’utiliser le Mosh sans assistance… Nan, en fait, vous n’en n’aurez pas envie ! Ajoutez à cela l’absence de garde-boue, de porte-bagage, d’écran de contrôle de la vitesse… Nous ne nous sommes pas éternisés sur ce modèle. Cher, très cher pour un confort de conduite assez rudimentaire.

Le vélo à assistance électrique Rush de Harley Davidson Serial 1 en version noire devant l'esplanade des invalides
Le "Rush" dispose d'une boîte à gant, pratique pour y glisser les gros porte-monnaies : ce vélo coûte plus de 4500 euros. (Boris Cassel)

“RUSH/CTY” : top mais reuch
Passons au modèle supérieur, le “Rush/CTY”. Il se décline en deux versions : le “step-thru” facturé 4 650 euros (+ 150 euros de frais de montage), caractérisé par un cadre en col de cygne et une autonomie annoncée de 144 km. Et, le Rush/CTY - cent euros plus cher-, avec un cadre classique et une autonomie annoncée plus importante (190 km). Notre test a été effectué sur ce dernier modèle. Bref, nous avons enfourché ce qui se fait de mieux chez Serail 1. Là encore, Harley Davidson fait mouche sur le style. A une différence près : cette fois-ci, les cyclistes auront l’impression de monter sur un VAE, un vrai : un guidon moins volumineux offrant un positionnement plus harmonieux sur le vélo, des garde-boues, porte-bagages de série robustes à l’avant et à l’arrière ou encore un écran de bord permettant de lire la vitesse à laquelle vous circulez ou de pouvoir comprendre rapidement quel est le niveau d’assistance utilisé. Cette dernière est régulée par quatre niveaux progressifs, intitulés respectivement Eco, Sport, Tour et Boost. Nous l’avons mise à l’épreuve. Départ arrêté et placé sur le mode le plus puissant (Boost), le Rush met moins de 7 secondes pour atteindre les 25km/h. Une puissance au démarrage inégalée. Un atout important, notamment en ville pour s’élancer rapidement au feu rouge et s’extirper facilement du trafic routier.

Contrairement au Mosh, le “Rush” se comporte plutôt bien lorsque l’assistance se met en pause. Aucune possibilité, certes, de changer les vitesses du vélo. Mais le rush est équipé d’un Envolio. Kesaco ? Un dispositif assez rare sur le marché mais extrêmement performant qui change automatiquement les vitesses de votre engin.

Côté stabilité, rien à dire. Nous avons roulé sur une portion de route vallonnée et extrêmement accidentée, que nous considérons être un enfer en VAE*. Même si l’absence de suspension et de tige de selle suspendue se fait sentir dans le dos et les bras, le vélo ne glisse pas sur les pavés et surtout, aucun bruit n’est venu parasiter ce petit tour. Le positionnement de la batterie - intégrée parfaitement dans la partie basse du vélo (juste au-dessus du moteur pédalier) - et le soin apporté au cadre abaissent le centre de gravité du vélo et lui permettent de coller à la route dans cet environnement hostile. Grâce à ses disques hydrauliques à 4 pistons, le rush freine fort et s’arrête sans dévier de sa trajectoire.

En ce qui concerne la sécurité, le Rush innove un peu en glissant une sorte de boîte à gants dans le cadre du vélo. Il est censé être assez grand et large pour y stocker un antivol U pliant. Selon Serial 1, il suffirait de signaler votre numéro de série à la marque d’antivol Abus pour obtenir des clés d’antivols compatibles avec le reste de votre vélo. En clair, le cycliste n’a alors plus besoin que d’une seule clé pour bloquer/debloquer l’antivol, sécuriser la batterie et ouvrir son coffre. Bien vu. Cependant, les vélos premiums des autres marques proposent des dispositifs de sécurité un peu plus robustes comme le blocage automatique des roues.

Grâce au RUSH/CTY, Serial 1 sauve sa première mise sur le marché de vélo électrique. Mais à un prix dépassant les 4 700 euros.

* A Paris, à proximité du Trocadéro, la descente reliant l’avenue du président Wilson, à la place de Varsovie, en passant par l’avenue Albert-de-Mun et l’avenue des Nations-Unies

Une batterie en train d'être enlevée du cadre du vélo à assistance électrique Rush de Harley Davidson
La batterie s'intégre bien au cadre, elle laisse de la place à une boîte à gants. (Boris Cassel)
A propos de l'auteur
photo de l'auteur de l'article boris cassel

boris cassel

Accro aux déplacements en vélo électrique depuis 2011, Boris Cassel affiche 40 piges au compteur, plus de 10 000 km en VAE, deux méchantes gamelles et un vélo volé ! Convaincu que le vélo électrique peut améliorer le quotidien de millions de français, il aime tester des modèles et raconter les coulisses de l’industrie du vélo. Journaliste, Boris Cassel a travaillé, entre autres, au Parisien Aujourd’hui en France pendant 13 ans et il est le fondateur de Picala.

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